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Sur les littoraux, les épaves de bateaux entraînent une pollution difficile à enrayer

Recouverte de mousse verte, la carcasse gît depuis plusieurs années à Beg Melen, une crique que les habitants de Plouguiel, dans les Côtes-d’Armor, aiment appeler leur « petit port ». Ce canot d’environ 5 mètres de long, un misainier, a perdu depuis longtemps sa voile. Des algues semblent avoir remplacé les cordes d’amarrage qui retiennent la barque. Le métal est rouillé par le sel de mer. Construit dans l’ancien chantier naval de la commune, fermé au début des années 2000, le canot est échoué dans la vase, tout près de son lieu de fabrication.
Ce bateau témoigne d’« un savoir-faire qui faisait la fierté du village », se souvient Pierre Huonnic, le maire de Plouguiel. Mais cette embarcation est aussi un exemple du casse-tête des communes littorales : au moins 5 400 épaves comme celle-ci sont abandonnées sur les côtes de France métropolitaine et d’outre-mer, d’après le Service hydrographique et océanographique de la marine. « Ces épaves causent de la pollution visuelle et environnementale, explique Pierre Huonnic. De l’essence ou de l’huile du moteur peuvent fuir et se répandre dans la nature. »
Beg Melen est situé dans l’estuaire du Jaudy, un espace classé Natura 2000 par l’Union européenne, afin de protéger la faune et la flore du site. « Si une amarre ou un autre élément du bateau se décroche, ça peut être dangereux aussi pour la navigation », ajoute Pierre Vilbois, directeur adjoint de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) des Côtes-d’Armor, en pointant les bateaux qui naviguent au large, derrière le squelette du voilier abandonné.
Le propriétaire de ce misainier est le seul, à ce jour, que la commune et la DDTM ont réussi à retrouver. Car une douzaine d’autres épaves gisent à Beg Melen, devenu un cimetière de bateaux de plaisance. Un nombre plutôt important pour un village de seulement 1 800 habitants environ. « J’ai 46 ans, je suis né à Plouguiel. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours vu des épaves à cet endroit », se remémore le maire. Ici, un voilier de 10 mètres de long, là un bateau à cabine échoué au milieu de salicornes sauvages. Et même un impressionnant trimaran rouge, embarcation onéreuse à trois coques, elle aussi désertée par ses propriétaires.
La municipalité et la DDTM travaillent main dans la main pour retirer tous ces bateaux abandonnés du rivage, afin de les remplacer par 85 à 90 places d’amarrage, dans le cadre d’un projet de zone de mouillage et d’équipements légers. Les plaisanciers pourront y mettre à l’abri leur embarcation, surtout pendant l’hiver.
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